Des chercheurs implantent des balises dans de grands requins blancs dans le Golfe
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Par La Presse Canadienne, 2024
FREDERICTON — Pendant quatre jours dans le golfe du Saint-Laurent, près des Îles-de-la-Madeleine, Heather Bowlby et son équipe de Pêches et Océans Canada ont planté des balises sur le dos de 15 grands requins blancs.
Ces animaux sont inscrits sur la liste des espèces en voie de disparition de la loi fédérale. Les données recueillies à partir des balises aideront Mme Bowlby et son équipe à répondre à des questions importantes qui peuvent contribuer aux efforts de conservation: où ces grands requins blancs ont tendance à vivre, à quelle période de l'année ils arrivent en eaux canadiennes et quel est leur âge.
L'équipe a utilisé de la viande de phoque pour attirer les requins blancs vers le bateau, où un chercheur a ensuite harponné une balise dans leurs muscles dorsaux. Selon Mme Bowlby, cette méthode est l'une des moins invasives pour marquer les animaux, car elle n'implique pas d'attraper le requin, une mesure qui provoque un stress supplémentaire chez l'animal.
Les chercheurs ont implanté sur les requins un mélange de balises acoustiques et de balises détachables reliées par satellite. Les balises détachables se séparent de l'animal après environ un an, flottent à la surface de l'eau et commencent à émettre des signaux vers un satellite. Les balises enregistrent la profondeur, la température et l'intensité de lumière, donnant aux chercheurs une idée de l'emplacement de l'animal.
Les balises acoustiques, par contre, n'enregistrent aucune donnée: elles envoient plutôt un signal codé permettant aux chercheurs d'identifier le requin associé à une étiquette lorsque l'animal nage à portée de l'un des 6900 récepteurs autour de la baie de Fundy, de la côte atlantique, du golfe du Saint-Laurent et des environs, a expliqué Mme Bowlby.
Les balises acoustiques, qui peuvent durer jusqu'à 10 ans, aident les scientifiques à répondre aux questions sur la période de l'année à laquelle les animaux visitent le Canada, les zones maritimes qu'ils préfèrent et s'ils reviennent d'année en année.
Les données des balises ne répondent pas immédiatement aux questions sur la nourriture qu'ils préfèrent, d'autant plus que les requins blancs sont considérés comme des «prédateurs généralistes». Mais les endroits où ils se déplacent peuvent aider les chercheurs à comprendre leur comportement alimentaire en fonction des proies trouvées dans leurs parages.
Le programme de marquage des grands requins blancs de Pêches et Océans Canada a débuté en 2018. Cette année, l'équipe en a marqué 15 en trois jours en mer, soit le plus grand nombre d'animaux en une seule sortie.
L'année dernière, les scientifiques avaient trouvé sur la plage l'une des balises implantées sur un requin des mois auparavant. «Lorsque ça se produit, c'est comme une mine de renseignements, car les balises physiques enregistrent beaucoup plus de données qu'elles ne peuvent jamais en transmettre au satellite», explique la chercheuse.
«Une balise récupérée contient des informations collectées toutes les 10 secondes pendant toute la durée du déploiement. C'est presque comme trouver une licorne!»
Hina Alam, La Presse Canadienne