Plus de 7500 demandes de visa pour des proches de Canadiens dans la bande de Gaza
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Par La Presse Canadienne, 2024
SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Une avocate spécialisée en immigration à Toronto affirme que de nouveaux chiffres du gouvernement fédéral montrent à quel point les efforts d'Ottawa pour sauver de la guerre les proches de Canadiens dans la bande de Gaza ont été «extrêmement lents».
Les chiffres obtenus par La Presse Canadienne grâce à une demande d'accès à l'information montrent que 7549 demandes initiales de visa ont été déposées par des Canadiens pour des proches coincés dans la bande de Gaza depuis l'ouverture du programme, le 9 janvier, jusqu'au 1er avril dernier.
Debbie Rachlis, qui représente des dizaines de candidats dans ce processus en plusieurs étapes, affirme que bon nombre de ces demandes visent des familles entières – parfois jusqu'à 10 personnes – qui ont des liens avec le Canada et tentent de fuir le territoire dévasté par les frappes israéliennes.
Selon elle, ces données «troublantes» contredisent les commentaires du ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, qui déclarait avant le lancement du programme que l'intérêt semblait «modeste» et que «quelques centaines» de personnes pourraient en bénéficier.
Selon Mme Rachlis, les 7549 demandes démontrent également que l'intention initiale d'Ottawa de plafonner le programme à 1000 visas aurait exclu des milliers de personnes potentiellement admissibles.
Un porte-parole du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté affirme qu'en date du 29 avril, seulement 179 visas avaient été délivrés par Ottawa à des Gazaouis.
Annie O'Dell, une avocate spécialisée en droit de l'immigration originaire de la région de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, et basée à Toronto, croit que le Canada pourrait faire davantage pour éliminer certaines des exigences de sécurité excessives liées à ces visas – et ainsi les délivrer plus rapidement.
Elle soutient que le gouvernement canadien pourrait cesser d'exiger que les candidats se rendent au Caire pour une vérification finale, car les personnes qui tentent de traverser la frontière vers l'Égypte, à Rafah, pourraient le faire plus facilement si elles avaient en main un visa canadien.
Me O'Dell représente Sawsan Karashuli, une Canadienne palestinienne vivant en Ontario, qui a demandé en janvier un visa pour son frère et sa nièce. Le frère est depuis mort de faim, dans le nord de la bande de Gaza, et sa fille de 25 ans y est restée seule, a déclaré l'avocate. Ni l’un ni l’autre n’ont reçu de visa.
«Je me demande combien de ces (…) candidatures ont été envoyées pour des personnes aujourd'hui décédées», a déploré Me O'Dell en entrevue. «Je dirais que le gouvernement canadien porte une certaine responsabilité dans les retards envers les personnes qui ne sont plus de ce monde.»
La Presse Canadienne