Les hommes victimes d'abus sexuels souvent silencieux à cause de leur socialisation
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Entre 10 et 20 % des hommes auraient vécu une agression sexuelle au cours de leur vie au Québec, mais ce taux pourrait être sous-estimé en raison de la socialisation masculine, soulève un premier rapport du Regroupement des organismes québécois pour les hommes agressés sexuellement (ROQHAS).
La prévalence des violences chez les hommes est encore plus importante chez certains groupes, tels que «les hommes issus des communautés GBTQ+, les étudiants, les hommes des Premières Nations et Inuit et les hommes ayant une incapacité».
Le ROQHAS rapporte que les «jeunes hommes gais et bisexuels sont près de cinq fois plus susceptibles d’avoir vécu des abus sexuels dans l’enfance comparativement aux hommes hétérosexuels».
Du côté des étudiants, on estime qu'environ un homme sur quatre vivra une forme de violence sexuelle en milieu collégial ou universitaire, indique le document.
«Les statistiques sur l’agression sexuelle ne feraient qu’effleurer la pointe de l’iceberg du nombre d’infractions réelles chez les hommes sachant que c’est l’un des crimes les moins dénoncés», mentionne le rapport. Au Québec, les hommes ont deux fois plus de chances de ne jamais dévoiler leur abus sexuel que les femmes.
Le regroupement reconnaît qu'il y a bien moins d'agressions sexuelles vécues par des hommes que par des femmes, mais il souligne que ces abus méritent d'être reconnus.
Le rapport insiste sur les défis pour déceler l'agression sexuelle chez les hommes. Il affirme qu'il y a un manque de ressources pour ces victimes, ce qu'a reconnu en 2020 le comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.
Selon le ROQHAS, la solution est «de lutter contre les stéréotypes de genre, de sensibiliser et d'éduquer le public et les professionnels sur cette réalité encore marginalisée, de soutenir les services existants aux hommes ayant vécu une agression sexuelle». Il souhaite aussi une représentation plus équilibrée des hommes victimes dans les politiques gouvernementales.
Les organismes œuvrant auprès des hommes ayant subi des abus ont soulevé le besoin de formations et d'avoir un espace de discussion sur les différents enjeux, ce qui permettrait aux membres et intervenants de se rassembler.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne