Le bureau de la mairesse Plante déplore de «fausses affirmations» de Pierre Poilievre
Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le bureau de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, reproche au chef de l'opposition officielle aux Communes, le conservateur Pierre Poilievre, de répandre de «fausses affirmations» sur des démarches de la Ville en matière de décriminalisation de possession simple de drogues.
«On l’invite à se concentrer sur des solutions concrètes», soutient le cabinet de Mme Plante dans une déclaration écrite en ajoutant que les propos de M. Poilievre ne contribuent pas à régler la crise nationale des surdoses.
D'une part, on rectifie le tir sur la «demande de la mairesse de Montréal» que le chef conservateur mentionne en Chambre depuis plus d'une semaine quant à la circulation des drogues. Face à la Colombie-Britannique qui a fait marche arrière sur un projet de décriminalisation, il implore presque à chaque occasion le premier ministre Justin Trudeau de ne pas «répéter l'expérience radicale» ailleurs.
Pour qu'une approche semblable à celle qu'avait commencé à prendre la Colombie-Britannique en 2022 puisse aller de l'avant, une exemption à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances doit être octroyée par le gouvernement fédéral.
Or, la métropole québécoise n'a pas fait de demande en ce sens, et ce, «malgré une position unanime du conseil municipal de Montréal en faveur de ce principe» rappelée par l'attachée de presse de Mme Plante, Catherine Cadotte, dans un courriel envoyé jeudi à La Presse Canadienne.
«Avant de changer les lois, c’est essentiel de fournir aux villes plus de ressources en logements, en santé mentale, en toxicomanie et en intervention sociale», a-t-elle déclaré.
D'autre part, le bureau de la mairesse montréalaise en a contre le fait que M. Poilievre emploie les verbes «décriminaliser» et «légaliser» comme des synonymes, ainsi que leurs noms ou adjectifs associés. Dans cette veine, une motion proposée par le chef conservateur qui a été débattue jeudi appelle notamment au rejet, par M. Trudeau, du «vote de la Ville de Montréal demandant au gouvernement fédéral de rendre légales des drogues dures mortelles».
Dès 2021, les élus montréalais ont adopté une motion pour demander à Ottawa de permettre la décriminalisation de possession simple, qui revient à éviter un dossier criminel et l'emprisonnement à des personnes trouvées en présence de petites quantités de drogues pour leur usage personnel. Mme Plante avait voté en faveur et elle a, depuis, réitéré plusieurs fois son appui à l'approche.
Aucun appui à la légalisation n'est survenu, souligne Mme Cadotte. «Les personnes qui utilisent des drogues n’ont pas besoin d’une cellule et d’un dossier criminel, elles ont besoin de soins et d’un toit, et c’est là-dessus qu’il faut agir immédiatement», a-t-on ajouté.
Appelée à réagir aux déclarations du bureau de la mairesse de Montréal, l'équipe de M. Poilievre a réitéré des propos similaires à ce dernier. De même, on a maintenu la même interprétation du mot «légalisation» et son champ lexical connexe.
«La mairesse de Montréal a confirmé son désir de légaliser les drogues dures», a déclaré la porte-parole Marion Ringuette.
Le cabinet du chef de l'opposition officielle a, du même souffle, condamné «l'expérience de Justin Trudeau en matière de légalisation des drogues dures».
«Il ne fait aucun doute aux yeux des conservateurs que l'exemption accordée par le gouvernement Trudeau à la Colombie-Britannique s'est traduite par la mort et la destruction, le chaos et le carnage dans les hôpitaux, les terrains de jeux, les parcs et les transports publics de la Colombie-Britannique.»
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne